Avec Paris Business Angels, Valentin Bernard compte bien fédérer et dynamiser tout un écosystème bien au-delà du seul financement des startups. Car pour lui, l’essentiel réside surtout dans la capacité d’accompagnement des startups pour les faire réussir.

Wirate : Bonjour Valentin, présentez-nous Paris Business Angels.

VB : Paris Business Angels (PBA) existe depuis 2004 et compte aujourd’hui plus de 150 investisseurs actifs. Ce sont pour moitié des entrepreneurs et pour moitié des cadres exécutifs. Et s’ils mettent bien-sûr leurs moyens financiers à disposition des startups, la finalité n’est pas là. Ce qui fonde l’identité d’un réseau comme PBA, c’est la capacité et la volonté de chacun de ses membres d’accompagner les startups en leur consacrant du temps. De fait, lorsque le réseau investit dans une startup, il s’investit aussi humainement en prodiguant des conseils, en ouvrant ses réseaux, en apportant sa connaissance des marchés, son expérience ou encore ses compétences. Nous croyons que c’est essentiel à la création de valeur.

W : Dans quels types de projets investissez-vous ?

VB : La pluralité des compétences de nos membres fait naturellement de PBA un réseau généraliste. Par la force des choses, beaucoup de projets sont des projets digitaux : ce sont les plus nombreux à se créer. Ces projets se situent sur des secteurs divers tels que la santé, l’agriculture, l’éducation, la foodtech, la mobilité ou la ville de demain. Nous investissons principalement dans des projets en amorçage, là où l’accompagnement apporté par nos membres est le plus utile.

W : Typiquement, combien une startup peut-elle espérer lever chez vous ?

VB : Il n’y a pas vraiment d’investissement type. Les tickets mis par PBA varient entre 200k€ et 700k€, sur des tours de tables allant jusqu’à 2,5 m€ lorsque nous co-investissons avec d’autres réseaux de BA, des VCs ou des Family Offices. Nous travaillons avec la startup pour calibrer au mieux son besoin. L’idée, c’est de permettre à la startup de structurer son financement de manière à avoir suffisamment de moyens pour réussir le projet entrepreneurial et le plan présenté aux investisseurs. À ce titre, nous avons également un partenariat fort avec le CIC afin de favoriser les effets de levier possibles avec de la dette.

Point-de-vue :

« Le ticket moyen du financement en amorçage a tendance à augmenter ces dernières années. Déjà parce que les startups ont des besoins d’investissements de plus en plus importants, mais aussi parce que les startups françaises se comparent au niveau international, et qu’elles voient bien qu’aux États-Unis, pour des produits ou des services comparables, les montants investis sont au moins 3 fois supérieurs. Ça les pousse forcément à demander plus de fonds en levée ici aussi. Mais attention, plus on lève, plus les objectifs que demanderont les investisseurs seront élevés. Attention à ne pas se voir trop gros, trop vite.

W : Dans combien de startups investissez-vous chaque année ?

VB : Là encore, nous n’avons pas d’objectif chiffré, et les investissements peuvent varier en nombre d’une année sur l’autre, mais disons entre 10 et 20 par an. Nous ne sommes pas dans une logique de volume, mais dans une logique qualitative. Nous recevons plus de 1 000 dossiers par an, et nous faisons notre maximum pour ne pas passer à côté des meilleures opportunités. La compétition est rude pour les startups, mais aussi pour ceux qui les financent !

W : Comment sélectionnez-vous les startups dans lesquelles vous investissez ?

VB : Nous présélectionnons des projets parmi les dossiers déposés pour qu’ils viennent pitcher devant nous. Les plus convaincants sont instruits dans une phase de due diligence poussée, qui permet de constituer une documentation complète à destination de nos membres. Les projets les plus solides sont alors présentés en séance plénière de PBA. C’est là que nos membres décident individuellement d’investir ou non dans les projets présentés.

W : Dans ce processus, à quel moment utilisez-vous Witeam, l’évaluation des équipes proposée par Wirate ?

VB : Nous demandons aux équipes des startups sélectionnées de passer cette évaluation durant la phase d’instruction, lorsque le projet doit passer en plénière. Les résultats et les rapports d’analyse sont discutés entre les instructeurs et l’équipe de la startup, puis fournis avec le dossier d’investissement lors des plénières. Witeam nous permet de vérifier la complémentarité des profils de l’équipe, leur capacité à travailler ensemble, à être productifs, leur capacité d’écoute aussi, et s’il y a au moins un profil de leader dans l’équipe. Cette étape est aussi utile pour les investisseurs que pour les équipes de la startup elle-même qui sont intéressées à découvrir ce qui ressort de leur profil.

W : Comment les startups réagissent-elles à cette demande ?

VB : Très bien. Elles sont même ravies la plupart du temps. Mais il faut comprendre le contexte. On ne leur demande de passer cette évaluation qu’en fin de due diligence, quand la confiance s’est déjà installée. L’évaluation sert à confirmer un feeling, et les résultats n’entraînent pas automatiquement une prise de décision dans un sens ou dans un autre. Et en réalité, si c’est super intéressant pour nous, ça l’est encore plus pour les startups qui peuvent en apprendre pas mal sur elles-mêmes. Dans tous les cas c’est positif : soit ça confirme un bon feeling, soit ça met en avant des points d’alertes, qui nous permettrons d’être d’autant plus vigilants et d’apporter exactement où c’est nécessaire le meilleur accompagnement possible aux startups en termes d’expérience ou de compétences.

W : On le sait, investir dans les startups est très risqué, pour vous : quel est le principal facteur de réussite d’une startup ?

VB : Investir dans une startup est effectivement assez risqué. D’après l’INSEE, 6 entreprises sur 10 survivent encore 5 ans après leur création. C’est encore pire pour les startups. Pour minimiser son risque, un investisseur doit diversifier son portefeuille, en ayant bien conscience que les bons résultats d’un ou deux investissements compenseront les pertes de 8 autres. Mais au-delà de l’effet statistique de la diversification, des facteurs clés peuvent permettre de minimiser ce risque, par exemple la qualité de l’équipe exécutive, qui doit être complète, impliquée et expérimentée. Le rôle des membres PBA est de bien l’accompagner, en lui fournissant les best practices et en faisant jouer toute la puissance de notre réseau pour les faire réussir.